Page:Von Moltke - La Guerre de 1870.djvu/66

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C’est en vain que les chasseurs d’Afrique essayent d’entraver le mouvement tournant des dragons hanovriens : le nuage de poussière s’éloigne de plus en plus dans la direction du nord et la cavalerie française tout entière se dirige en toute hâte vers les chemins qui traversent la vallée de Bruville. En arrière de ces chemins sont postés cinq régiments de la division de cavalerie de Clérembault[1]. Le général fait franchir la vallée à une de ses brigades, mais les hussards par leur fuite désordonnée et des sonneries mal interprétées portent le désordre dans les rangs de cette brigade. Elle se voit entraînée dans la fuite des autres escadrons, et l’infanterie seule, qui alors se déploie en tirailleurs derrière les couverts qu’offrait la vallée, arrête la poursuite des Prussiens.

Les régiments allemands se reforment avec le plus grand calme et reviennent au pas à Mars-la-Tour, suivis à très grande distance par une fraction de la division de Clérembault.

Cet engagement, le plus grand que la cavalerie ait soutenu au cours de la campagne tout entière, eut pour conséquence de faire renoncer l’aile droite française à renouveler ses attaques. On eut à déplorer, il est vrai, la perte de nombreux officiers qui partout, à la tête de leurs troupes, avaient donné à leurs hommes de glorieux exemples.

Le prince Frédéric-Charles était accouru sur le champ de bataille. Le jour était à son déclin, il commençait à faire nuit, la bataille était gagnée. En effet, les Prussiens occupaient, le soir venu, le terrain où les Français étaient postés dans la matinée. Le général d’Alvensleben n’avait cru avoir affaire qu’à l’arrière-garde de l’armée française,

  1. Division de cavalerie du 3e corps. (N.d.T.)