Page:Von Moltke - La Guerre de 1870.djvu/85

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gade de la garde s’avança dans la direction qui lui était assignée, sur la ferme de Jérusalem, au sud de Saint-Privat et dans le voisinage immédiat de cette localité. Dès qu’on s’aperçut de ce mouvement, au IXe corps, le général de Manstein fit avancer aussi la brigade de la garde, qui avait été mise à sa disposition à Habonville, en la dirigeant sur Amanvillers. Des bataillons hessois se portèrent en même temps, en avant, entre ces deux brigades. Une demi-heure s’écoula avant que la 1re division de la garde se mit en mouvement, à gauche de la 2e, de Sainte-Marie sur Saint-Privat. Ces deux divisions, procédant de la sorte à l’attaque, allèrent donner contre le front étendu des 6e et 4e corps français. Les points d’appui de ce front, Saint-Privat et Amanvillers, n’avaient pour ainsi dire pas encore été canonnés par les batteries allemandes. Ces dernières, jusqu’à ce moment, avaient eu fort à faire avec l’artillerie ennemie postée en dehors de ces localités, et qu’il avait fallu réduire au silence.

En avant de la position principale des Français, sur la croupe de la hauteur, se trouvaient logées sur le versant plusieurs lignes de tirailleurs à couvert derrière des haies et des murs peu élevés, qui, formant terrasse, se commandaient les uns les autres. En arrière de ces défenses s’élevait Saint-Privat, constituant en quelque sorte un réduit fortifié, avec ses maisons en maçonnerie solide et garnies de soldats jusque sous les combles. Le terrain plat et découvert en avant du front pouvait par conséquent être battu par une grêle de projectiles destructeurs.

Aussi la garde qui s’avançait à l’attaque de ce front éprouva-t-elle des pertes hors de toute proportion. En moins d’une demi-heure cinq de ses bataillons perdirent tous leurs officiers et les autres la plupart d’entre eux, sur-