Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

coup d’événements ont dû alors marquer la vie de Wagner, beaucoup d’événements avaient marqué la nôtre. La faiblesse toujours croissante de mes parents m’avait enlevée tous les ans des mois entiers à mon foyer. Après leur mort, nous avions passé deux hivers en Italie. La douleur et la joie s’étaient succédé à Mariafeld : mon fils aîné s’était marié et m’avait amené la fille chérie qui m’avait toujours manqué.

Pendant ce temps, Wagner avait terminé les Maîtres Chanteurs et en juin 1868 devait avoir lieu la première représentation d’une œuvre que j’avais en quelque sorte vue naître sous mes yeux. Mme de Bulow nous avait invités au nom de Wagner ; des amis de Wagner, de loin et de près, avaient promis leur présence. Il se trouva cette fois que, revenant d’une visite faite à ma sœur en Silésie, je pouvais passer par Munich et j’étais heureuse de revoir notre ami.

La représentation fut splendide ; quoique souffrant, Bulow animé de l’esprit et du souffle du maître, dirigea l’orchestre avec une superbe énergie. Le roi, qui était assis dans la grande loge centrale, avait invité le poète-compositeur à prendre place auprès de lui : « Il faut que le poète marche avec le roi. »

Après le premier acte, Wagner fut appelé