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maître. C’était jadis le caractère propre de la nature de Liszt, qu’il donnait de soi-même, au piano, ce que d’autres manifestent à l’aide de papier et d’une plume. Et, de plus, qui voudrait nier que même le plus grand, le plus original des maîtres a, lui aussi, commencé par reproduire ? Il faut pourtant remarquer que, tant qu’un très grand homme de génie se borne à reproduire, ses travaux n’acquièrent jamais la valeur ni la signification des œuvres reproduites ni du maître imité, et que valeur et signification n’existent qu’à partir du moment où l’originalité s’est nettement manifestée.

Mais Liszt, par son activité pendant cette première période de reproduction, l’emporta sur tous ses prédécesseurs, parce qu’alors, le premier de tous, il sut exprimer clairement la valeur et la signification des œuvres de ceux qui existèrent avant lui, et s’éleva ainsi presque à la hauteur du maître qu’il reproduisait. Justement parce qu’une telle particularité était toute nouvelle, elle passa presque inaperçue, et voilà ce qui motive l’étonnement qui maintenant accueille Liszt dans sa nouvelle carrière, alors que celle-ci n’est autre chose que la manifesta-