Page:Wagner - Sur les Poèmes symphoniques de Franz Liszt, 1904, trad. Calvocoressi.djvu/22

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de gens peuvent à l’heure actuelle se rendre compte de cette voie parcourue, il n’en est pas un plus grand nombre qui soient capables de comprendre la manifestation soudaine du but atteint. Je l’ai dit : s’il en était autrement, il y aurait de quoi rester perplexe et déconcerté. Mais si quelqu’un convient en lui-même, par une irrésistible intuition, de la haute valeur de cette manifestation, de l’extraordinaire plénitude de puissance musicale qui se dégage dès l’abord des grandes compositions que Liszt a placées devant nous comme par un coup de baguette magique, ce quelqu’un devrait retomber dans la perplexité à cause de la forme de ces œuvres, et, après avoir spontanément admis la mission de compositeur de notre ami, revenir, par suite des habitudes prises, à une deuxième façon de penser. Vous le voyez : fidèle au projet que j’ai conçu, j’aborde mon sujet en me plaçant tout à fait au dehors, au point d’où tout le monde devra l’aborder, et par conséquent m’en tiens à ce dont on peut parler, pour arriver, en fin de compte, au point sur lequel il sera probablement impossible de dire quoi que ce soit. Or, maintenant, voyons la « forme ».

Mon Dieu, ****, s’il n’y avait point de forme,