Page:Wagner - Sur les Poèmes symphoniques de Franz Liszt, 1904, trad. Calvocoressi.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 36 —

t-on leur demander alors, que rien ne les ait gênés pendant l’audition ; que, bien au contraire, ils n’aient ressenti, à ce moment, autre chose que des impressions neuves, inconnues, captivantes, provoquées grâce à ces « bizarreries », etc., et ne pouvant évidemment être provoquées que grâce à elles?

En fait, toute création nouvelle qui agit sur nous de façon insolite offre cette particularité qu’elle nous semble toujours contenir quelque chose d’étrange et qui éveille notre méfiance : c’est là une conséquence de ce côté mystérieux de notre individualité intime.

Notre nature propre à tous est indubitablement la même : nous sommes une race unique, et pas autre chose. Mais nos façons de concevoir, de penser, sont à ce point diverses, que, rigoureusement parlant, nous restons toujours étrangers les uns aux autres. C’est là le propre de notre individualité. Si objectivement que celle-ci se manifeste, ou, en d’autres termes, si compréhensives, si pleinement ouvertes à leur objet que se fassent nos conceptions, il y subsistera toujours la marque des tendances individuelles de chacun.

Aucune conception ne peut exister qui ne