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CH.-ADOLPHE CANTACUZÈNE





Bibliographie. — Chez Perrin et Cie : Les Sourires glacés (1896) — Les Douleurs cadettes (1897) ; — Les Chimères en Danger (1898) ; — Cinglons les souvenirs et Cinglons vers les Rêves (1900) ; — Sonnets en petit deuil (1901) ; — Litanies et petits états d’âme (1902) ; — Remember (1903) ; — Les Grâces Inemployées (1904) ; — Poussières et Falbalas (1905) ; — Synthèse attristée de Paris (1906). — En outre : L’Ame de Monsieur de Nion (Veldt, Amsterdam, 1905) ; — Bêtises pour Phébé (Veldt, Amsterdam, 1906).

En Préparation : Les Amours sécularisés ; Les Regrets inespérés ; Le Boudoir de Violo ; Ces Femmes odorantes et tristes ; Les Siècles de Marie-Antoinette ; Les Fards protecteurs et probes.

M. Charles-Adolphe Cantacuzène, né en juin 1874 à Bucarest, d’une ancienne famille princière qui descend de l’empereur byzantin Jean VI Cantacuzène, est un jeune poète très original, « capable, a dit M. Pierre Quillard, de faire renaître dans ses vers les prêtresses antiques, les marquises et les reines, et de célébrer les grâces fragiles des Parisiennes », sauf à les cingler parfois de ses sarcasmes. Stéphane Mallarmé l’a défini avec infiniment d’esprit, encore qu’incomplètement peut-être : « Une naturelle et élégante badine qui cingle des fleurs, et, par instants, rythme songeur un souvenir… »

Son âme est parente de celles de Musset et de Henri Heine. Aussi ses vers sont-ils à la fois cités par les héroïnes de M. François de Nion et goûtés de M. Max Nordau, « le critique redoutable », que sa raillerie effleura et qui lui écrivit une si jolie lettre, où il déclara professer la plus haute estime pour le talent de l’auteur de Remember. En somme, on trouve dans ses livres, d’un parisianisme aigu, à peine teinté d’exotisme, de la perversité — si peu — dans beaucoup de grâce, et une jeune, fringante et fort précieuse « impertinence » où il entre beaucoup d’esprit et qui ne parvient pas toujours à cacher l’émotion… « Ils ont un charme singulier, ces départs de sanglots dilues en sourire, que traverse, parfois, un coup d’archet grave et prolongé sur une profondeur de souffrance : plusieurs évocations féminines y transparaissent, très inoubliables en leur rareté, résumées ici par une magie. » (Stéphane Mallarmé.)