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tique musulmane, parus presque tous à la Revue Franco-Musulmane et Saharienne, des articles de journaux, et même un vocabulaire et une grammaire peuhls.

M. Arnaud, esprit large et généreux, est surtout le poète hautain et passionné des sites sauvages, de la brousse, du désert. Son style est nerveux et puissant. Il prend ses mots où il peut, où il veut. Il abonde en images brusquement évocatrices de perspectives sahariennes, de chefs arabes à barbe blanche et de rochers qui se dressent, de ravins qui se creusent, de bêtes et d’hommes de proie. Ses toiles, brossées à la diable, sont d’un coloris superbe.



CHAIR DE NOMADE


Le Hoggar prisonnier des nègres qu’il méprise
Est au poteau, ongles saignants, ongles sciés ;
Un papillon de feu bat de l’aile à ses pieds !
La chair grille, chair de torture, odeur qui grise.

Du fiel roule dans les grosses prunelles grises
Des lents bourreaux ; le bleu d’une lame a brillé,
Elle a mordu ; ça fume, et la chair a crié ;
La chair du Hoggar blanc est une part de prise,

La meilleure, une part de haine et de douleur ;
Cette chair bavarde comme une vieille femme,
Sa salive est du sang qui coule comme un pleur

Sur la viande qui craque aux danses de la flamme.
Les yeux du Hoggar blanc meurent dans la lumière.
Son âme est de silence, et son cœur sans prières.

(Autour des Feux dans la Brousse.



D’UN LION A CRINIÈRE COURTE

QUE NOUS TUÂMES



Le sol fauve blessé par les griffes mourantes
A bu du sang. L’effroi d’un grand silence pèse
Aux sens, évocateurs de la chose mauvaise,
La perfidie énorme et lâche, incohérente.