Page:Wharton - Sous la neige, 1923.djvu/191

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Pendant ce temps la vieille Mrs. Varnum était allée se coucher. Sa fille et moi, nous restâmes à causer, après le souper, dans l’austère parlour aux chaises de crin noir.

Mrs. Hale me regardait de façon hésitante. Je m’imaginai qu’elle cherchait à deviner ce que j’avais su déchiffrer de cette histoire. Et je crus comprendre que si elle s’était tue si longtemps, c’était peut-être dans l’espoir qu’un jour quelqu’un verrait ce qu’elle, avait été seule à voir. J’attendis que sa confiance en moi se fût affermie, puis je dis :

— En effet, c’est bien pénible de les voir tous les trois ensemble dans cette maison…

Son front bienveillant se rembrunit, et elle fronça les sourcils.

— Cela a toujours été terrible, je me trouvais ici même au moment où on les remonta tous les deux. On coucha Mattie dans la chambre que vous occupez maintenant. Nous étions de grandes amies, elle et moi. Je devais me marier le printemps suivant, et il était convenu qu’elle serait ma demoiselle d’honneur… Quand elle reprit connaissance, je montai près d’elle et passai toute la nuit à son chevet. On lui avait donné des narcotiques, et elle sommeilla jusqu’au matin. Puis, à ce moment, elle revint à elle tout d’un coup, et me fixant de ses grands yeux, elle me dit… Oh ! je