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ESCALADES DANS LES ALPES.

palement sa conformation actuelle à l’action de ses anciens glaciers[1] ! »


Croz vint interrompre ma rêverie en me faisant observer qu’il était temps de nous remettre en route. Moins de deux heures nous suffirent pour redescendre sur le plateau du glacier où était déposé notre bagage ; trois quarts d’heure plus tard nous atteignions la dépression située entre le Grand Cornier et la Dent Blanche (col du Grand Cornier[2]) ; et à six heures du soir nous arrivions à Abricolla ou Bricolla. Croz et Biener, qui avaient soif de lait, descendirent jusqu’à un village situé plus bas dans la vallée ; pour moi, je restai avec Almer, et nous passâmes la nuit à grelotter sur quelques misérables planches dans un chalet à moitié brûlé[3].

  1. Tyndall, « De la Conformation des Alpes. » Phil. Mag., sept. 1862.
  2. Ce col avait été traversé pour la première fois quelques mois auparavant.
  3. Les détails suivants peuvent intéresser quelques touristes. — Nous quittâmes Zinal (1678 mèt.) à deux heures du matin. Cinq heures vingt-cinq minutes nous furent nécessaires pour monter sur le plateau situé au S. E. du Grand Cornier et deux heures et demie pour monter de ce plateau au point culminant de cette montagne. Les derniers cent mètres de l’arête, très-escarpés et très-étroits, offraient une grande corniche d’où pendaient des stalactites de glace. Nous fûmes obligés de marcher sous cette corniche et de nous tailler un passage dans les stalactites. Du sommet au plateau, la descente nous prit une heure quarante minutes (violent ouragan de neige avec tonnerre). Du plateau au col du Grand Cornier par des rochers faciles, quarante-cinq minutes nous suffirent. Enfin, nous descendîmes en une heure dix minutes du col à Abricolla (cinquante-cinq minutes sur le glacier) situé à 2420 mètres.