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ESCALADES DANS LES ALPES.

mide, » à la célèbre pyramide qu’il avait aidé le grand capitaine Durand à construire, etc., etc.

Ainsi, nous lui avions parlé de ce pic pendant un jour entier, et maintenant il avouait qu’il ne le connaissait pas. Je me tournai vers Reynaud, qui semblait frappé de la foudre. « Que veut-il dire ? » lui demandai-je. Reynaud haussa les épaules. « Eh bien ! dîmes-nous après nous être franchement expliqués avec Sémiond, plus tôt nous rebrousserons chemin, mieux cela vaudra, car nous ne nous soucions guère de voir votre pyramide. »

Après une halte d’une heure, nous commençâmes à descendre. Il nous fallut près de sept heures pour revenir à notre rocher ; mais je ne prêtai aucune attention à la distance, et je n’ai gardé aucun souvenir de cet insupportable trajet. À peine descendus, nous fîmes une découverte dont nous fûmes aussi troublés que Robinson à la vue de l’empreinte d’un pied humain sur le sable de son île : un voile bleu gisait à terre près de notre foyer. Il n’y avait qu’une seule explication possible : Macdonald était arrivé ; mais où était-il ? Vite nous emballons notre petit bagage et dégringolons à tâtons dans l’obscurité, à travers le désert pierreux, jusqu’à Ailefroide, où nous arrivons vers neuf heures et demie. « Où est l’Anglais ? » telle fut notre première question. Il était allé passer la nuit à Ville.

Nous nous logeâmes comme nous pûmes dans un grenier à foin, et, le lendemain matin, après avoir réglé le compte de Sémiond, nous descendîmes la vallée à la poursuite de Macdonald. Notre plan d’opérations était déjà arrêté : nous devions le décider à se joindre à nous, et recommencer notre tentative sans aucun guide, en prenant simplement le plus robuste et le plus intelligent de nos compagnons comme porteur. J’avais jeté les yeux sur Giraud, brave garçon sans prétention, quoique toujours prêt à tout faire. Mais nous fûmes bien désappointés : il était obligé d’aller à Briançon.

Notre course m’agaça bientôt les nerfs. Les paysans que nous rencontrions nous demandaient quels avaient été les résultats de notre expédition, et la politesse la plus vulgaire nous