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Le Virgile de Sir Charles Bowen[1].

La traduction, par Sir Charles Bowen, des Églogues et des six premiers livres de l’Énéide n’est guère l’œuvre d’un poète, mais malgré tout, c’est une traduction fort agréable, car on y trouve réunies la belle sincérité et l’érudition d’un savant, et le style plein de grâce d’un lettré, deux qualités indispensables à quiconque entreprend de rendre en anglais les pastorales pittoresques de la vie provinciale italienne, ou la majesté et le fini de l’épopée de la Rome impériale.

Dryden était un véritable poète, mais pour une raison ou une autre, il n’a point réussi à saisir le vrai esprit virgilien.

Ses propres qualités devinrent des défauts lorsqu’il assuma la tâche de traducteur.

Il est trop robuste, trop viril, trop fort. Il ne saisit point l’étrange et subtile douceur de Virgile et ne garde que de faibles traces de sa mélodie exquise.

D’autre part, le Professeur Conington fut un admirable et laborieux érudit, mais il était dépourvu

  1. Pall Mall Gazette, 30 novembre 1887.