Page:Wilde - La Maison de la courtisane, trad. Savine, 1919.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

éclatait en bourgeons pareils à des émeraudes serties. Des violettes jetaient des regards furtifs du fond de leurs cachettes ; quelque peu effarouchées de leur propre beauté. La rose vermeille ouvrait son cœur, et la brillante stellaire scintillait comme une étoile du matin. Des papillons en costumes de brun et d’or prenaient les craintives campanules comme pavillons et comme séjours d’agrément. Là haut un oiseau faisait tomber en neige toutes les fleurs dans son vol et allait charmer les bois de son chant. L’univers entier semblait s’éveiller au plaisir. Et pourtant,… et pourtant… mon âme était emplie d’une lourdeur de plomb. Je ne trouvais point de joie dans la Nature. Pour moi, l’esclave de l’ambition, qu’était ce que la rose aux taches cramoisies, ou le crocus aux sceptres d’or ? Le bel oiseau chantait faux pour moi, et les charmantes fleurs me faisaient l’effet