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II
Quel étrange silence ! Nul bruit de vie ou de joie n’agite l’air. Point
de jeune berger rieur, qui joue du chalumeau. Même pendant tout le jour,
on n’entend pas les cris heureux des enfants qui jouent. Comme c’est
triste, et doux, et silencieux ! Assurément on pourrait vivre ici bien
loin de toute crainte, à voir le défilé des saisons, depuis l’amoureux
printemps jusqu’à la pluie et la neige de l’hiver, sans jamais avoir un
souci. Ces eaux, sans nul doute, sont celle du Lethé, et cette plante
est celle qui donne à l’homme l’oubli de sa patrie.
Oui ! parmi les prairies semées de lotus, tu te dresses comme Proserpine, la tête