Page:Wilde - Le Crime de Lord Arthur Savile, trad. Savine, 1905.djvu/126

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Et il courut à son appentis et en sortit la planche.

— Ce n’est pas une très grande planche, dit le meunier en la regardant, et je crains que lorsque j’aurai réparé le toit de ma grange, il n’en reste pas assez pour que vous raccommodiez la brouette, mais ce n’est naturellement pas ma faute… Et maintenant, comme je vous ai donné ma brouette, je suis sûr que en retour vous voudrez me donner quelques fleurs… Voici le panier, vous aurez soin de le remplir presque entièrement.

— Presque entièrement ? dit le petit Hans presque chagrin, car le panier était de grandes dimensions et il se rendait compte que, s’il le remplissait, il n’aurait plus de fleurs à porter au marché. Or, il était très désireux de racheter ses boutons d’argent.

— Ma foi, répondit le meunier, comme je vous ai donné ma brouette, je ne pensais pas que ce fût trop de vous demander quelques fleurs. Je puis me tromper, mais je croyais que l’amitié, l’amitié vraie était affranchie d’égoïsme de quelque espèce que ce soit.