Page:Wilde - Le Crime de Lord Arthur Savile, trad. Savine, 1905.djvu/146

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— À quoi ressemblent les feux d’artifice ? avait-elle demandé au prince, un matin, comme elle se promenait sur la terrasse.

— Ils ressemblent à l’aurore boréale, dit le roi qui répondait toujours aux questions qu’on adressait aux autres. Seulement ils sont plus nature. Moi, je les préfère aux étoiles, car on sait toujours quand ils vont commencer à briller et ils sont aussi agréables que ma musique de flûte. Vous les verrez certainement.

Donc, au fond du jardin royal un stand avait été préparé et aussitôt que le pyrotechnicien royal eut tout rangé en place, les feux d’artifice se mirent à causer entre eux.

— Le monde est à coup sûr très beau, dit un petit pétard. Regardez plutôt ces tulipes jaunes. Ma foi ! ce serait de vrais marrons qu’elles ne seraient pas plus jolies. Je suis bien heureux d’avoir voyagé. Les voyages développent étonnamment l’esprit et jettent bas tous les préjugés qu’on a pu concevoir.

— Le jardin du roi n’est pas le monde, jeune fou, dit une grosse chandelle romaine.