Page:Wilde - Le Crime de Lord Arthur Savile, trad. Savine, 1905.djvu/200

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— Voilà bien l’amoureux vrai, dit le rossignol. Il souffre tout ce que je chante : tout ce qui est joie pour moi est peine pour lui. Sûrement l’amour est une merveilleuse chose, plus précieuse que les émeraudes et plus chère que les fines opales. Perles et grenades ne peuvent le payer, car il ne paraît pas sur le marché. On ne peut l’acheter au marchand ni le peser dans une balance pour l’acquérir au poids de l’or.

— Les musiciens se tiendront sur leur estrade, disait le jeune étudiant. Ils joueront de leurs instruments à cordes et mes amours danseront au son de la harpe et du violon. Elle dansera si légèrement que son pied ne touchera pas le parquet et les gens de la cour en leurs gais atours s’empresseront autour d’elle, mais avec moi elle ne dansera pas, car je n’ai pas de roses rouges à lui donner.

Et il se jetait sur le gazon, plongeait son visage dans ses mains et pleurait.

— Pourquoi pleure-t-il ? demandait un petit lézard vert, comme il courait près de lui, sa queue en l’air.