Page:Wilde - Le Crime de Lord Arthur Savile, trad. Savine, 1905.djvu/206

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tistes, il est tout style, sans nulle sincérité. Il ne se sacrifie pas pour les autres. Il ne pense qu’à la musique et, tout le monde le sait, l’art est égoïste. Certes, on ne peut contester que sa voix a de fort belles notes. Quel malheur que tout cela n’ait aucun sens, ne vise aucun but pratique.

Et il se rendit dans sa chambre, se coucha sur son petit grabat et se mit à penser à ses amours.

Un peu après, il s’endormit.

Et, quand la lune brillait dans les cieux, le rossignol vola au rosier et plaça sa gorge contre les épines.

Toute la nuit, il chanta sa gorge appuyée contre les épines et la froide lune cristalline s’arrêta et écouta toute la nuit.

Toute la nuit, il chanta et les épines pénétraient de plus en plus avant dans sa gorge et son sang vital fluait hors de son corps.

D’abord, il chanta la naissance de l’amour dans le cœur d’un garçon et d’une fille et, sur la plus haute ramille du rosier, fleurit une rose