Page:Wilde - Le Crime de Lord Arthur Savile, trad. Savine, 1905.djvu/262

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Ce sentiment, dont je ne me rendais point compte, était probablement ce qui me paralysait dans mes desseins premiers sur Angèle.

Un dimanche, — il y avait un peu plus de trois mois que je fréquentais le toit hospitalier de lord William, — c’était le 14 juin 188., — nous déjeunions tous quatre dans la petite salle à manger Renaissance.

Nous en étions au dessert et madame Marcelle, à la mode anglaise, fit apporter les vins.

Généralement elle restait à table et se préoccupait d’empêcher lord William, qui y avait quelque penchant, d’absorber trop de sherry ou de Corton.

Mais, ce jour-là, elle me parut plongée dans une profonde distraction.

Comme j’ai toujours été un très petit buveur, je laissai les deux Anglais se faire raison et j’observai ma voisine.

Elle jouait avec la peau de l’orange qu’elle venait de sucer quartier par quartier.

D’abord, avec son couteau à fruits, elle la