Page:Wilde - Le Crime de Lord Arthur Savile, trad. Savine, 1905.djvu/270

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dant pas la respiration de Mérédith, je tournai presque machinalement la tête vers son lit.

Le lit était vide.

« Voilà, pensai-je, qui m’explique cette foulure bizarre. Mon Mérédith est un bon comédien et madame Marcelle, avec ses losanges de peau d’orange qui m’ont tant intrigué, lui marquait tout simplement l’heure du berger ! Allez croire après cela à la vertu des tantes et au serment des neveux : « Je n’aime pas ma tante, elle me déteste cordialement. » Il n’y aurait pas besoin d’aller bien loin pour en avoir la preuve, si j’avais comme le diable boiteux la faculté de décoiffer les maisons de leurs toits et les chambres de leurs plafonds. Et, cependant, lord William dort du sommeil du juste : c’est dans l’ordre. Mais aussi ce vieillard de soixante-cinq ans avait bien besoin d’aller épouser une femme de vingt ans… N’importe, si mon ami Mérédith allait donner cette nuit un héritier à son oncle, il la trouverait sans doute mauvaise. Docteur, mon ami, tous les hommes sont fous. Toi-même, tu bats