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LE FANTÔME DE CANTERVILLE

notre temps, excepté la langue, cela s’entend.

Son fils aîné, baptisé Washington par ses parents dans un moment de patriotisme qu’il ne cessait de déplorer, était un jeune homme blond, assez bien tourné, qui s’était posé en candidat pour la diplomatie en conduisant le cotillon au Casino de Newport pendant trois saisons de suite, et même à Londres, il passait pour un danseur hors ligne.

Ses seules faiblesses étaient les gardénias et la pairie. À cela près, il était parfaitement sensé.

Miss Virginia E. Otis était une fillette de quinze ans, svelte et gracieuse comme un faon, avec un bel air de libre allure dans ses grands yeux bleus.

C’était une amazone merveilleuse, et sur son poney, elle avait une fois battu à la course le vieux lord Bilton, en faisant deux fois le tour du parc, et gagnant d’une longueur et demie, juste en face de la statue d’Achille, ce qui avait provoqué un délirant enthousiasme chez le jeune duc de Cheshire, si bien qu’il lui proposa séance tenante de