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LE FANTÔME DE CANTERVILLE

sarbacanes, lui lancèrent aussitôt deux boulettes avec cette sûreté de coup d’œil qu’on ne peut acquérir qu’à force d’exercices longs et patients sur le professeur d’écriture.

Pendant ce temps-là, le ministre des États-unis tenait le fantôme dans la ligne de son revolver, et conformément à l’étiquette californienne, le sommait de lever les mains en l’air.

Le fantôme se leva brusquement en poussant un cri de fureur sauvage, et se dissipa au milieu d’eux, comme un brouillard, en éteignant au passage la bougie de Washington Otis, et laissant tout le monde dans la plus complète obscurité.

Quand il fut au haut de l’escalier, il reprit possession de lui-même, et se décida à lancer son célèbre carillon d’éclats de rire sataniques.

En maintes occasions, il avait expérimenté l’utilité de ce procédé.

On raconte que cela avait fait grisonner en une seule nuit la perruque de lord Raker.

Il est certain qu’il n’en avait pas fallu davantage pour décider les trois gouvernantes