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LE FANTÔME DE CANTERVILLE

Puis, il s’évanouit, après avoir poussé un gémissement sépulcral, car les jumeaux allaient le rattraper.

Rentré chez lui, il se sentit brisé, en proie à la plus violente agitation.

La vulgarité des jumeaux, le grossier matérialisme de Mrs Otis, tout cela était certes très vexant, mais ce qui l’humiliait le plus, c’est qu’il n’avait pas la force de porter la cotte de mailles.

Il avait compté faire impression même sur des Américains modernes, les faire frissonner à la vue d’un spectre cuirassé, sinon par des motifs raisonnables, du moins par déférence pour leur poète national Longfellow[1], dont les poésies gracieuses et attrayantes l’avaient aidé bien souvent à tuer le temps, pendant que les Canterville étaient à Londres.

En outre, c’était sa propre armure.

Il l’avait portée avec grand succès au tournoi de Kenilworth, et avait été chaudement

  1. Longfelow a publié le Squelette dans sa cuirasse, poésie, inspirée par la découverte à Newport d’un squelette cuirassé. (Note du traducteur.)