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LE FANTÔME DE CANTERVILLE

Ce fut un bien triste repas.

On y parlait à peine, et les jumeaux eux-mêmes avaient l’air effarés, abasourdis, car ils aimaient beaucoup leur sœur.

Lorsqu’on eut fini, M. Otis, malgré les supplications du petit duc, ordonna que tout le monde se couchât, en disant qu’on ne pourrait rien faire de plus cette nuit, que le lendemain matin il télégraphierait à Scotland-Yard, pour qu’on mît immédiatement à sa disposition quelques détectives.

Mais voici qu’au moment même où l’on sortait de la salle à manger, minuit sonna à l’horloge de la tour.

À peine les vibrations du dernier coup étaient-elles éteintes qu’on entendit un craquement suivi d’un cri perçant.

Un formidable roulement de tonnerre ébranla la maison. Une mélodie qui n’avait rien de terrestre flotta dans l’air. Un panneau se détacha bruyamment du haut de l’escalier, et sur le palier, bien pâle, presque blanche, apparut Virginia, tenant à la main une petite boîte.