Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/17

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petite vitrine en marqueterie qui était placée entre les deux fenêtres, il l’ouvrit et revint à l’endroit où j’étais assis en tenant dans sa main un petit panneau de peinture encadré d’un vieux cadre un peu terne de l’époque d’Élisabeth.

C’était un portrait en pied d’un jeune homme habillé d’un costume de la fin du XVIe siècle, assis à une table, sa main droite reposant sur un livre ouvert.

Il paraissait âgé de dix-sept ans et était d’une beauté tout à fait extraordinaire, quoique évidemment un peu efféminée.

Certes, si ce n’eût été le costume et les cheveux coupés très courts, on aurait dit que le visage, avec ses yeux pensifs et rêveurs et ses fines lèvres écarlates, était un visage de femme.

Par la manière, surtout par la façon dont les mains étaient traitées, le tableau rappelait les dernières œuvres de François Clouet. Le pourpoint de velours noir, avec ses broderies d’or capricieuses, et le fond bleu de paon, sur lequel il se détachait si agréablement, et qui