Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
167
LE FANTÔME DE CANTERVILLE

ils allèrent faire un tour dans le cimetière solitaire près du bois de pins.

Ils furent d’abord très embarrassés au sujet de l’inscription qu’on graverait sur la pierre tombale de sir Simon, mais ils finirent par décider qu’on se bornerait à y graver simplement les initiales du vieux gentleman, et les vers écrits sur la fenêtre de la bibliothèque.

La duchesse avait apporté des roses magnifiques qu’elle éparpilla sur la tombe ; puis, après s’y être arrêté quelques instants, on se promena dans les ruines du chœur de l’antique abbaye.

La duchesse s’y assit sur une colonne tombée, pendant que son mari, couché à ses pieds, et fumant sa cigarette, la regardait dans ses beaux yeux.

Soudain, jetant sa cigarette, il lui prit la main et lui dit :

— Virginia, une femme ne doit pas avoir de secrets pour son mari.

— Cher Cecil, je n’en ai pas.

— Si, vous en avez, répondit-il en souriant, vous ne m’avez jamais dit ce qui s’était passé