Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/229

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Nous ne nous étonnons pas que vous pleuriez aussi sur Narcisse qui était si beau.

— Mais Narcisse était-il si beau ? dit la mare.

— Qui pouvait mieux le savoir que vous ? répondirent les Oréades. Il nous a négligées, mais vous il vous a courtisée, et il s’est courbé sur vos bords, et il a laissé reposer ses yeux sur vous et c’est dans le miroir de vos eaux qu’il voulait mirer sa beauté.

Et la mare répondit :

— J’aimais Narcisse parce que, lorsqu’il était courbé sur mes bords et laissait reposer ses yeux sur moi, dans le miroir de ses yeux je voyais se mirer ma propre beauté.