Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/274

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lait sous le poids de l’empire. Il avait conscience de l’impossibilité où un seul homme se trouvait de porter le faix de ce monde titanique, trop vaste.

L’homme que j’appelle parfait, c’est l’homme qui se développe au milieu de conditions parfaites, l’homme qui n’est point blessé, tracassé, mutilé, ou en danger.

La plupart des personnalités ont été contraintes à la rébellion. La moitié de leur force s’est usée en frottement.

La personnalité de Byron, par exemple, a été terriblement gaspillée dans sa bataille avec la stupidité, l’hypocrisie, le philistinisme des Anglais. De telles batailles n’ont pas toujours pour résultat d’accroître les forces. Byron ne fut jamais en état de donner ce qu’il eût pu donner.

Shelley s’en tira mieux. Comme Byron, il avait quitté l’Angleterre dès que la chose avait été possible. Mais il n’était pas aussi connu. Si les Anglais s’étaient tant soit peu douté de sa valeur, de sa supériorité réelle comme poète, ils seraient tombés sur lui à