Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/292

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mental et moral, quand il fait quelque chose où il ne trouve aucun plaisir. Bien des formes de travail sont de l’activité tout à fait dépourvue d’attrait, et devraient être regardées comme telles. Balayer pendant huit heures par jour un passage boueux quand le vent souffle de l’est, c’est une occupation dégoûtante. Faire ce nettoyage avec une dignité intellectuelle, ou morale, ou physique, me paraît impossible. Le faire avec joie, ce serait terrifiant.

L’affaire de l’homme est autre que de déplacer de la boue. Tous les travaux de ce genre devraient être exécutés par des machines.

Et je suis convaincu qu’on en arrivera là.

Jusqu’à présent, l’homme a été, jusqu’à un certain point, l’esclave de la machine, et il y a quelque chose de tragique dans ce fait que l’homme a souffert de la faim dès le jour où il a inventé une machine pour le remplacer dans son travail.

Un homme possède une machine qui exécute la besogne de cinq cents hommes.

En conséquence, voilà cinq cents hommes