Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/301

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il est à la fois très aisé et très malaisé d’être un romancier populaire.

C’est chose trop aisée, parce que les exigences du public, au point de vue de l’intrigue, du style, de la psychologie, de la façon de décrire la vie, de l’exécution littéraire, sont à la portée des facultés les plus simples, de l’esprit le plus dépourvu de culture.

C’est chose trop malaisée, parce que l’artiste qui voudrait obéir à ces exigences, devrait faire violence à son tempérament, se verrait obligé d’écrire non plus pour la joie artistique d’écrire, mais pour l’amusement de gens à demi éduqués. Il lui faudrait donc renoncer à son individualisme, oublier sa culture, annihiler son style, abandonner tout ce qui, en lui, a quelque valeur.

À l’égard du drame, la situation est un peu meilleure.

Les amateurs de théâtre veulent bien qu’on leur montre des choses évidentes ; mais ils ne veulent pas de choses ennuyeuses.

La pièce burlesque et la comédie-farce qui sont les deux formes les plus populaires, ont