Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/314

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dire. La Chambre des Communes n’a rien à dire, et elle le dit ; nous sommes dominés par le journalisme.

En Amérique, le Président règne quatre ans ; le journalisme règne à perpétuité. Heureusement en Amérique, ce journalisme a poussé l’autorité jusqu’aux dernières limites de la grossièreté et de la brutalité. La conséquence naturelle est qu’il s’est développé un esprit de réaction. Les gens s’en divertissent ou en sont dégoûtés, suivant leur tempérament. Mais il n’est plus, comme jadis, une force réelle. On ne le prend pas au sérieux.

En Angleterre, à part quelques exceptions bien connues, on n’a point permis au journalisme de pousser la brutalité jusqu’à de telles limites, et il est encore un facteur important, une puissance vraiment remarquable. La tyrannie qu’il prétend exercer sur la vie privée des gens me paraît absolument extraordinaire. Le fait, c’est que le public a une insatiable curiosité de connaître toutes choses, excepté les choses qui valent la peine d’être connues.