Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/321

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des dispositions telles qu’on ne saurait en recevoir la moindre impression artistique.

L’œuvre d’art est faite pour s’imposer au spectateur ; le spectateur n’a point à s’imposer à l’œuvre d’art.

Le spectateur doit être un récepteur. Il doit être le violon sur lequel jouera le maître.

Et mieux il arrivera à supprimer complètement ses sottes manières de voir, ses sots préjugés, ses idées absurdes sur ce que l’art devrait être ou ne peut pas être, plus il est probable qu’il comprendra, qu’il appréciera l’œuvre d’art dont il s’agit. Certes, cela est chose évidente, quand on parle du public vulgaire anglais, hommes et femmes, qui fréquente le théâtre. Mais c’est également vrai en ce qui concerne les personnes d’éducation, comme on dit.

En effet, les idées que possède sur l’Art une personne d’éducation se tirent forcément de ce que l’Art a été, tandis que l’œuvre d’Art nouvelle est belle parce qu’elle est ce que l’Art n’a jamais été. Lui appliquer le passé comme mesure, c’est lui appliquer une me-