Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/63

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ta jeunesse, si admirée maintenant, ne sera qu’une guenille dont on fera peu de cas.

Si l’on te demandait alors où est toute ta beauté, où est tout le trésor de tes jours florissants, et si tu répondais que tout cela est dans tes yeux creusés, ce serait une honte dévorante et un stérile éloge.

Vous devez créer quelque chose en art. Mon vers « est à toi et naît de toi », écoute-moi seulement et je « mettrai au monde des vers immortels qui vivront une éternité » et vous peuplerez des formes de votre propre visage le monde imaginaire et la scène. Ces enfants que vous engendrez, continue-t-il, ne dépériront pas, comme des enfants sujets à la mort, mais vous vivrez en eux et dans mes pièces : donc

Crée un autre toi-même pour l’amour de moi ; que ta beauté vive en ton enfant comme en toi.

Je réunis tous les passages qui me paraissaient corroborer cette interprétation : ils