Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/73

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nacent le plus, qui tout en émouvant les autres sont eux-mêmes comme la pierre.

Il pouvait jouer l’amour, mais il ne pouvait pas l’éprouver. Il pouvait mimer la passion sans la réaliser.

Chez beaucoup l’histoire d’un cœur perfide est écrite dans les regards, écrite dans des moues, des froncements de sourcils, des grimaces étranges.

Mais avec Willie Hughes il n’en était pas ainsi. Le Ciel, dit Shakespeare dans un sonnet d’idolâtrie folle,

le ciel a décrété, en te créant, qu’un doux amour respirerait toujours sur ta face ; quelles que soient tes pensées ou les émotions de ton cœur, ton regard ne peut jamais exprimer que la douceur.

Dans son « esprit inconstant » et son « cœur faux », il était facile de distinguer le défaut de sincérité et la tricherie qui paraît en quelque sorte inséparable de la nature de