Page:Wilde - Poèmes, trad. Savine, 1907.djvu/101

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chaque jour quelque jeune Florentin apporte des

 couronnes de cette fleur enchantée que recèlent les
 sombres sommets de Vallombrosa, et en couvre sa
 tombe où gît celui dont l'urne est pareille à un
 arbre puissant que ne voient point des yeux mortels,
 un arbre puissant qui en ses cycles errants serait
 poussé par la tempête jusqu'au bout infiniment
 lointain où Chaos et Création se confondent, où les
 ailes des chérubins aux chants éternels sont tissues
 de Néant, et ont pénétré jusqu'en un vide-sans
 Lune,--Et pourtant, bien qu'il soit poussière,
 argile,
 Il n'est point mort. Les Parques aux éternelles
 mémoires s'y opposent, et les ciseaux s'abstiennent
 de se refermer. Relevez vos têtes, ô poètes qui durerez
 toujours, et vous clairons argentins, lancez une
 sonnerie plus fière; car la vile chose qui fut l'objet
 de sa haine, reste rampante en sa sombre demeure,
 seule avec Dieu et des souvenirs de péché.
 Et même, à quoi lui sert d'avoir regagné sa
 caverne, à cette mère meurtrière des prostitutions
 vêtues de pourpre? A Munich, sur l'architrave de
 marbre, les jeunes Grecs meurent en souriant, mais
 les mers qui baignent Egine s'agitent de dépit de se
 voir désertes, et de ne pas refléter leur beauté, car
 nos vies se dépouillent de toute couleur,
 faute de nos idéals; si une seule étoile pareille à