Page:Wilde - Poèmes, trad. Savine, 1907.djvu/212

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le long du rivage, et là où leur

 maître cornu trône en grand appareil, apporteront
 des fraises et des prunes duvetées sur une claie
 d'osier.
 Chante encore! et bientôt, la face fatiguée par la
 passion, apparaîtra à travers la fraîche fouillée le
 jeune homme serviteur d'Apollon. Le prince tyrien
 chassera son sanglier hérissé, parcourra les bois de
 châtaigniers tout fleuris, et la vierge aux membres
 d'ivoire, aux yeux gris, où brille la fierté, poursuivra
 à cheval le daim vêtu de velours.
 Chante encore! et je verrai le jeune garçon mourant
 teindre de la pourpre de son sang la clochette
 de cire dont le poids fait pencher la jacinthe, et à
 moi Cypris éplorée viendra conter sa douleur, et je
 baiserai sa bouche et ses yeux ruisselants, et je
 la conduirai au mystérieux bosquet de myrtes où
 gît Adonis.
 Redouble d'efforts, ô Itys! Le souvenir, frère de
 lait du remords et de la douleur, verse goutte à
 goutte le poison dans mon oreille. Oh! être libre!
 Brûler ses vieux vaisseaux! Se lancer encore dans
 la mêlée des Vagues empanachées de blanc, et livrer
 bataille au vieux Protée pour piller les cavernes
 fleuries de corail!
 Oh! pour Médée et ses parents magiques! pour
 le secret du sanctuaire de Colchide! Oh! pour une