Page:Wilde - Poèmes, trad. Savine, 1907.djvu/313

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

MARIE

 Sous la tente solitaire, dans l'espérance de la
 victoire, elle reste, les yeux troublés par les
 brouillards de la souffrance, pareille à un lis que
 l'ondée fait pencher; les cris et les bruits de la bataille,
 le ciel ensanglanté,
 le fléau de la guerre, le naufrage de la chevalerie
 ne sauraient faire naître en son âme fière une vulgaire
 crainte. Elle attend bravement son Seigneur,
 le Roi, et son âme brûle tout entière d'une extase
 de passion.
 O chevelure d'or, ô lèvres de pourpre, ô figure
 faite pour la séduction et l'amour de l'homme!
 Avec toi j'oublie la fatigue et l'inquiétude,
 et la roule sans amour où tout repos est inconnu
 et le pouls accéléré du Temps, et la mortelle lassitude
 de l'âme, ma liberté et mon passé