Page:Wilde - Poèmes, trad. Savine, 1907.djvu/58

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la connaît, et pour elle l'abeille montagnarde abandonne

 l'Hymeite. Et le Jaune n'y a point peur, car
 en aucune heure de la journée, on n'y entend de
 bruit plus terrible que les cris des jeunes bergers
 dans leurs jeux.
 Mais souvent le chasseur au pas furtif, quand il
 sort du labyrinthe épineux, de l'inextricable
 fouillis du bois environnant, aperçoit le jeune
 Hyacinthe lançant le disque poli. Alors il tire son
 capuchon sur ses yeux coupables et ne se risque
 point à sonner de sa corne,--ou bien dès les premières
 lueurs de l'aube,
 arrivent les Dryades, qui lancent la balle de
 cuir, le long du rivage semé de roseaux, et entourant
 quelque Pan aux oreilles de chèvre lui imposent
 la tâche d'être leur gardien, si elles craignent
 d'être ravies par l'audacieux Poséidon. Elles délient
 leurs ceintures, les yeux pleins de crainte et d'effarement,
 comme si ses bras bleus et sa barbe rouge
 allaient surgir de la vague.
 Ça et là dans le roc s'ouvre une caverne que le
 viorne tapisse de ses clochettes jaunes; la grève est
 unie, excepté où quelque vague du flux a laissé sa
 trace légère empreinte sur le sable, comme si elle
 craignait d'être trop vite oubliée du roseau vert,
 son compagnon de jeu, et pourtant ce lieu
 est si petit que l'inconstant papillon pourrait,