Page:Wilde - Poèmes, trad. Savine, 1907.djvu/60

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par la main, défilèrent dans le vallon boisé,

 leur satyre aperçut le corps de l'éphèbe étendu sur
 le sable. Il redouta une traîtrise de Poséidon; il
 jeta un cri, et pareilles à de brillants rayons de soleil
 qui se jouent parmi les branches, toutes les
 Dryades effarouchées cherchèrent dans la feuillée
 une retraite sûre,
 à l'exception d'une blanche jeune fille, qui ne
 trouva rien de bien terrible à sentir ses seins
 pressés par la tyrannie amoureuse d'un dieu marin.
 Elle eût bien voulu prêter l'oreille à ces charmes
 subtils que tissent les amants insidieux quand ils
 veulent conquérir une forteresse bien close: elle
 s'écarta des autres furtivement, et ne crut point que
 ce fût une faute
 d'abandonner son trésor à un être aussi beau.
 Elle s'étendit près de lui, la gorge desséchée par la
 soif d'amour. Elle l'appela des noms les plus doux,
 joua avec sa chevelure en désordre, et de ses lèvres
 brûlantes ravagea la bouche du jeune homme, craignant
 qu'il ne s'éveillât point, et craignant ensuite
 qu'il ne s'éveillât trop tôt, s'éloignant, puis,
 comme l'amour la rendait infidèle à elle-même,
 elle reprit ses attaques. Et pendant tout le jour,
 elle resta assise à côté de lui. Elle rit de son nouveau
 jouet, lui prit la main, lui chanta sa chanson
 la plus douce, puis fronça le sourcil en voyant cet