Page:Wilde - Poèmes, trad. Savine, 1907.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ouvrira les portes de verre de son palais, et nous

 verrons les dauphins tachetés dormir au bercement
 des alcyons qui murmurent du haut des rocs, là où
 Protée, au bizarre costume vert, fait paître son troupeau
 de monstres,
 «et les anémones tremblantes aux teintes opalines,
 qui agitent leurs franges pourprées quand
 nous posons le pied sur le sol miroitant, et des
 flottes entières de poissons aux taches d'écailles
 couleur de feu suivront les cordages flottants de
 l'épave fracassée, et des grains d'ambre couleur de
 miel orneront nos membres entrelacés.»
 Mais quand le seigneur de la guerre, le soleil,
 passa, déçu en faisant voltiger son pennon aux
 vives couleurs, avant de rentrer dans sa demeure
 d'airain, lorsque, une à une, les petites étoiles
 jaunes apparurent éparses dans les champs du ciel,
 oh alors elle craignit que ses lèvres à lui refusassent
 de se désaltérer de ses lèvres à elle,
 et cria: «Réveille-toi: déjà la pâle lune verse
 son argent sur les arbres, et la vague s'étend de proche
 en proche, grise et glacée sur cette grève de sable;
 les grenouilles croassantes se montrent, et du fond
 de la caverne l'engoulevent lance son cri aigu; les
 chauves-souris volètent en tous les sens, et la belette
 brune aux lianes creux rampe à travers l'ombre
 du gazon.