Page:Wilde - Poèmes, trad. Savine, 1907.djvu/77

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PANTHÉA

 Non, allons d'un feu à un autre feu, de la souffrance
 passionnée à une volupté plus mortelle.
 Je suis trop jeune pour vivre sans désir, tu es trop
 jeune pour perdre cette nuit d'été à faire ces vaines
 questions que depuis longtemps l'homme a posées
 au voyant et à l'oracle, sans recevoir de réponse.
 Car, ma tendre amie, mieux vaut sentir que savoir,
 et la sagesse est un héritage sans enfants. Une
 vague de passion, la première et ardente explosion
 de la jeunesse, voilà qui vaut bien les proverbes
 accumulés par le sage. Ne tourmente point ton
 âme d'une philosophie morte; n'avons-nous pas
 des lèvres pour le baiser, des coeurs pour aimer et
 des yeux pour voir?
 N'entends-tu pas le murmure du rossignol, pareil
 à de l'eau qui chante au sortir d'une urne
 d'argent? Si doux est ce chant qu'il fait pâlir la