Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/136

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lancées prennent un mouvement circulaire autour du centre vers lequel elles sont attirées. La position des orbites les unes par rapport aux autres, la concordance de direction des mouvements, l’excentricité, tout peut se ramener aux causes mécaniques les plus simples ; et l’on peut en toute confiance espérer découvrir ces causes, parce qu’il suffit pour cela des raisonnements les plus faciles et les plus clairs. Pourrait-on se flatter du même espoir, s’il s’agissait de la moindre plante ou d’un insecte ? Est-on en état de dire : Donnez-moi de la matière, je vais vous montrer comment on peut faire une chenille ? N’est-on pas arrêté ici dès le premier pas par l’ignorance des véritables propriétés intimes de l’objet et la complication des organes si variés qui le composent ; il ne faut donc pas s’étonner si j’ose affirmer que le mode de formation des astres, la cause de leurs mouvements, bref, l’origine de la constitution présente de l’Univers, pourront être mis en lumière, bien avant que l’on puisse expliquer clairement et complètement, par des causes mécaniques, la naissance d’une seule plante ou d’une chenille.

Tels sont les motifs sur lesquels j’appuie ma conviction que la partie physique de la science de l’univers atteindra dans l’avenir la même perfection, à laquelle Newton en a élevé la partie mathématique. Après les lois qui régissent la constitution actuelle de l’univers, il n’en est peut-être pas d’autres, dans toute la science de la nature, qui se prêtent plus aisément à des développements mathématiques, que celles qui ont présidé à sa naissance ; et je ne doute pas que la main d’un habile géomètre n’y trouve un champ fertile à défricher.

Après avoir ainsi recommandé le sujet de mes méditations au gracieux accueil de mes lecteurs, je demande encore la permission d’expliquer brièvement la manière dont je l’ai traité. Dans la première Partie, j’expose des vues nouvelles sur la constitution de l’univers en général. Le Mémoire de M. Wright, de Derham, dont j’ai eu connaissance par les Freie Urtheilen, de Hambourg, pour l’année 1751, m’a conduit à considérer les étoiles fixes, non comme une fourmilière disposée sans ordre apparent, mais comme un système qui a la plus grande ressemblance avec celui des planètes, si bien que, de même que les planètes se trouvent au voisinage d’un plan commun, de même aussi les étoiles se rapprochent autant que possible d’un plan que l’on doit se figurer mené à travers tout le