Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/168

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produire l’identité d’action sur les corps planétaires, et entraîner la concordance de leurs mouvements. C’est là un fait qui est absolument hors de doute, et dont la certitude dépasse encore, s’il est possible, la vraisemblance de notre première conclusion. Aussi Newton n’a-t-il pu assigner aucune cause matérielle qui, en s’étendant à tout l’espace du monde planétaire, ait été capable de produire la communauté du mouvement. Il admettait une intervention immédiate de la main de Dieu, qui avait déterminé directement cet ordre régulier, en dehors de tout emploi des forces naturelles.

Un examen impartial nous montre donc ici des deux côtés des raisons également puissantes et auxquelles il faut accorder une égale valeur. Mais il n’est pas moins évident qu’il doit exister quelque interprétation des faits, qui peut et doit concilier ces raisons en apparence contradictoires, et que c’est dans une telle interprétation qu’il faut chercher le système véritable. Nous allons la donner en quelques mots. Dans l’organisation actuelle de l’espace dans lequel circulent les sphères du monde planétaire, il n’existe aucune cause matérielle qui en puisse produire ou diriger les mouvements. Cet espace est complètement vide, ou du moins il est comme s’il était vide. Il faut donc qu’il ait été jadis autrement constitué et rempli d’une matière capable de produire les mouvements de tous les corps qui s’y trouvent et de les rendre concordants avec le sien propre, par suite concordants les uns avec les autres ; et après cela, l’attraction a nettoyé cet espace et en a rassemblé la matière diffuse en des masses isolées. Les planètes doivent donc maintenant, en vertu du mouvement une fois imprimé, continuer librement leur course dans un espace sans résistance. Nos premières considérations rendent nécessaire cette manière de voir, et comme, entre les deux cas, il n’y a pas place pour un troisième, nous sommes amenés à lui accorder assez de confiance pour en faire mieux qu’une simple hypothèse. On pourrait, si l’on voulait développer ce sujet, arriver, par une suite de conséquences déduites les unes des autres à la manière de théorèmes mathématiques, et en y mettant un luxe de raisonnements que l’on ne trouve pas d’habitude dans les sujets de science physique, arriver finalement au plan même de la naissance du monde que je vais exposer. Mais je préfère présenter mes idées sous forme d’hypothèse, et