Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/181

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rante, subira une diminution de sa sphère de formation, et par suite n’acquerra qu’une grosseur beaucoup plus faible que celle que lui aurait assignée sa distance au Soleil. Aussi, quoique en somme les planètes augmentent de masse à mesure qu’elles sont plus loin du Soleil, ainsi que nous le voyons dans Jupiter et Saturne, qui sont les deux morceaux importants de notre système en même temps que les plus éloignés du Soleil, pourtant cette analogie souffre des exceptions ; mais ces exceptions mêmes sont une éclatante confirmation du mode de formation que nous attribuons aux corps célestes. Une planète de grosseur exceptionnelle dérobe aux deux planètes ses voisines une portion de la masse qui devrait leur appartenir en raison de leur distance au Soleil, en s’appropriant une part des matériaux qui auraient dû contribuer à leur formation. En fait, Mars, qui, à cause de la place qu’il occupe, devrait être plus gros que la Terre, a été privé d’une partie de sa masse par l’attraction de son énorme voisin Jupiter : et Saturne lui-même, tout en dépassant beaucoup Mars en raison de sa hauteur, n’a pas pu s’affranchir de payer un tribut considérable à l’attraction de Jupiter. Il me semble que Mercure doit la petitesse exceptionnelle de sa masse non seulement à l’attraction de son puissant voisin le Soleil, mais aussi au voisinage de Vénus, qui, d’après le rapport de sa densité probable à son volume, doit être une planète de masse considérable.

Puisque tous les faits concordent si bien et d’une manière si frappante à rendre plausible notre explication de l’origine de l’Univers et de la formation des astres par les seules lois de la Mécanique, nous allons maintenant montrer, par l’évaluation de l’espace dans lequel était disséminée la matière des planètes avant leur formation, à quel degré de ténuité était réduit ce milieu élémentaire, et combien peu de résistance il devait offrir au mouvement de ses particules. Nous venons de dire que l’espace dans lequel était renfermée toute la matière des planètes était une portion de la sphère de Saturne comprise entre deux surfaces, décrites autour du Soleil comme sommet commun et faisant l’une avec l’autre un angle de  ; cet espace était donc la dix-septième partie du volume d’une sphère décrite avec le rayon de l’orbite de Saturne. Pour calculer le changement d’état de la matière planétaire lorsqu’elle remplissait cet espace, nous admettrons que la distance de Saturne