Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/182

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n’est que de 100 000 diamètres de la Terre ; le volume de la sphère de Saturne sera donc mille trillions de fois le volume de la Terre[1] ; si, au lieu de la 17e partie, nous en prenons seulement la 20e, l’espace dans lequel se mouvait la matière élémentaire devait dépasser 50 trillions de fois le volume de la Terre. En admettant avec Newton que la masse des planètes avec leurs satellites est 1/650 de celle du Soleil, la masse de la Terre, qui n’est que 1/169282 de cette dernière, sera à celle de l’ensemble des planètes comme 1 est à 276 1/2 ; et par suite si l’on amenait toute cette matière à la densité de la Terre, elle formerait un corps qui aurait 277 1/2 fois le volume de la Terre. Si nous admettons ensuite que la densité de la Terre prise en masse n’est pas beaucoup plus grande que celle des matériaux, que l’on rencontre au-dessous de la couche superficielle, comme le fait nécessairement supposer la figure de la Terre ; que ces matériaux sont à peu près 4 ou 5 fois plus lourds que l’eau, et l’eau mille fois plus lourde que l’air, la matière de toutes les planètes, amenée au degré de ténuité de l’air, remplirait un espace presque 1 400 000 fois plus grand que le volume de la Terre. Cet espace, comparé à celui dans lequel nous supposons disséminée toute la matière des planètes, est 30 millions de fois plus petit. La dissémination de la matière planétaire dans cet espace l’amènerait donc à un état de ténuité ce même nombre de fois plus faible que celle des particules de notre atmosphère. En réalité, ce degré de dissémination, quelque fabuleux qu’il puisse paraître, était absolument nécessaire et naturel. Il devait être aussi grand que possible, pour donner aux particules mobiles la même liberté de mouvement que dans le vide, et pour diminuer indéfiniment la résistance mutuelle qu’elles pouvaient s’offrir. Que la matière ait pu prendre d’elle-même un pareil état de dissémination, c’est ce dont on ne peut guère douter, si l’on considère l’expansion qu’elle subit quand elle se convertit en vapeur, ou bien, pour rester dans le ciel, la dispersion de la matière dans les queues des comètes, qui, avec une épaisseur énorme, dépassant peut-être cent fois le diamètre de la Terre, sont pourtant si transparentes, qu’elles laissent voir les plus petites étoiles, tandis que notre atmosphère éclairée par le

  1. Kant fait ici confusion du diamètre avec le rayon : il faudrait écrire 8 000 trillions.