Page:Young - Les Nuits, trad. Le Tourneur, t. 1-2, 1827.djvu/39

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plus! Destin, hâte-toi de tirer le rideau : je ne peux plus perdre.

Silence! obscurité! couple solennel, augustes enfans de l'antique nuit, vous dont la présence fortifie l'âme, vous qui guidez vers la sagesse les pensées naissantes, vous dont la puissance invisible relève l'homme abattu, et l'affermit sur sa raison, assistez-moi, je vous remercierai dans le tombeau. C'est là votre empire; c'est là que ce corps fragile dont la poussière vous appartient, doit bientôt en tombant rendre hommage à votre terrible divinité. Mais que fais-je en implorant votre vaine puissance? Qu'étes-vous devant celui dont la voix, interrompant le silence éternel du chaos, envoya les étoiles du matin commencer leur course joyeuse au-dessus du monde naissant, et lui annoncer son créateur? Être suprême, c'est toi que j'invoque! Toi, qui du sein du néant fis jaillir le soleil dans l'univers comme une étincelle brillante, frappe mon âme et fais-y luire la sagesse. Voici l'heure où l'avare, au milieu des mortels endormis, veille à côté de son trésor. Tu es le mien; c'est sur toi que mes yeux sont ouverts; c'est dans ton sein que je cherche un asile.