Page:Young - Les Nuits, trad. Le Tourneur, t. 1-2, 1827.djvu/46

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sont des câbles auprès des liens qui attachent l'homme au bonheur et à la vie. Ils se rompent au moindre souffle.

Demeures célestes, où les immortels goûtent des plaisirs qui n'ont point de bornes ni dans leur mesure ni dans leur durée, ce n'est que dans votre sein qu'on peut trouver le bonheur. Dès qu'il peut finir, il cesse d'être. Le bonheur fuirait des cieux, si la crainte de le perdre y pouvait entrer. Mais il est en sûreté dans cet asile, où ne peut monter l'influence de ces sphères qui, roulant sur nos têtes, entraînent les mondes inférieurs dans le tourbillon de leur inconstance et versent sur eux les changemens et le malheur. Ici, c'est le théâtre des tristes vicissitudes. Chaque heure enfante des révolutions sur notre globe infortuné. Qu'il est rare que, dans la variété de ses combinaisons infinies, le sort amène les plus heureuses, et ce sont toujours celles qui passent le plus rapidement! Si le temps est armé d'une faux énorme dont le large tranchant coupe, comme l'herbe des campagnes, les empires dans leur racine, chacune des heures a aussi son glaive en main. Elles vont moissonnant nos plaisirs à