Page:Young - Les Nuits, trad. Le Tourneur, t. 1-2, 1827.djvu/580

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
EUSÈBE,
OU
LE RICHE VERTUEUX.

Eusèbe a de l’esprit : il connaît l’art de varier les plaisirs de l’imagination et des sens : il a tous les goûts qui peuvent conduire au libertinage, et il sait s’arrêter. Eusèbe est riche, il est jeune, il est gai, il aime à dépenser ; voilà tout ce qu’il a de commun avec les riches ordinaires. Il fait servir ses richesses à ses vertus. Il accorde libéralement à la nature, à son rang, à ses devoirs, tout ce qu’ils exigent de lui ; mais il refuse tout au vice, au caprice, à la folie. Il a aussi ses amusemens ; sa vertu n’est point austère. La vue d’un bal ne lui fait point horreur ; il ne croit point que les cartes soient une invention du démon ; mais il choisit des récréations qui le délassent ; il connaît et prévient le moment où elles allaient le fatiguer ; il pense qu’il en est des plaisirs comme des gros livres, qui gagnent presque toujours à être abrégés.