Page:Zola - Vérité.djvu/23

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pendant que le frère Fulgence continuait à se répandre en lamentations. Et le jésuite, qui semblait lire dans les yeux du jeune instituteur, finit par dire :

— Alors, vous pensez que ça peut être un rôdeur de nuit, qui, voyant l’enfant seul dans cette pièce, s’y sera introduit par la fenêtre ?

Marc eut la prudence de ne pas se prononcer.

— Oh ! je ne pense rien, c’est à la justice de chercher et de trouver le coupable… D’ailleurs, le lit n’est pas défait, l’enfant en chemise allait sûrement se coucher, et cela paraît indiquer que le crime a dû être commis très peu de temps après dix heures. Mettez que l’enfant se soit occupé un quart d’heure, une demi-heure au plus, avec ses images. Ensuite, il aurait crié, en voyant un inconnu pénétrer violemment chez lui, et, certainement, on l’aurait entendu… Vous n’avez rien entendu, mademoiselle ?

— Non, rien, répondit l’institutrice. Moi-même, je me suis couchée vers dix heures et demie. Je n’ai été réveillée que vers une heure du matin, par l’orage.

— La bougie a très peu brûlé, fit encore remarquer Mignot. L’assassin l’aura soufflée sûrement, en repartant par la fenêtre, qu’il a laissée grande ouverte, telle que je l’ai trouvée tout à l’heure.

Cette constatation, qui donnait quelque poids à la version du rôdeur se ruant, violentant et étranglant sa victime, tomba dans la gêne épouvantée du petit groupe qui stationnait là. Personne ne voulait se compromettre, chacun gardait ses réflexions sur les impossibilités et les invraisemblances. Puis, comme le maire et les gendarmes se faisaient attendre, le père Philibin demanda, après un silence :

— M. Simon n’est donc pas à Maillebois ?

Dans le bouleversement de la secousse dont il ne