Page:Zola - Vérité.djvu/246

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et c’est ce que je viens de faire encore. Aussi, suis-je très douloureusement surpris de ton blâme… Nous en causerons.

Elle ne désarma pas, gardant sa froideur fâchée.

— Nous en causerons, si tu le désires… En attendant, je vais conduire Louise chez grand-mère, qui doit ne nous la rendre que ce soir.

Une brusque lumière l’éclaira. C’était Mme  Duparque qui était en train de lui reprendre Geneviève et qui allait sans doute lui prendre Louise. Il avait eu le grand tort de se désintéresser, de laisser sa femme et son enfant vivre dans cette maison dévote, aux ombres et aux odeurs de chapelle. Depuis deux ans, il ne s’était pas aperçu du sourd travail qui se faisait chez sa femme, du réveil en elle de sa jeunesse pieuse, de tout ce qui remontait de l’éducation indélébile d’autrefois, la ramenant peu à peu aux dogmes, qu’il croyait avoir abolis, sous l’effort de sa raison, dans l’étreinte de son amour. Elle ne s’était pas remise encore à pratiquer, mais il la sentait déjà séparée de lui, en marche pour ce retour au passé, une marche lente dont chaque pas les éloignerait davantage l’un de l’autre.

— Chérie, demanda-t-il tristement, nous ne sommes donc plus d’accord ?

Très franche, elle répondit :

— Non, et vois-tu, Marc, grand-mère avait raison, tout le mal vient de cette abominable affaire. Depuis que tu défends cet homme qui est au bagne et qui a mérité sa peine, le malheur est entré dans la maison, nous finirons par ne plus nous entendre.

Il eut un cri désespéré, il répéta :

— C’est toi qui dis cela ! Tu es maintenant contre la vérité, contre la justice !

— Je suis contre les égarés et les méchants dont les passions mauvaises s’attaquent à la religion. C’est Dieu